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Cecilia Gimenez

C’est l’histoire de deux copines qui ne sont pas d’accord, d’un côté Clara et de l’autre Edith. Clara est PO à son compte depuis plusieurs années, elle connait bien son métier, est très appréciée par ses clientes, et est adhérente à l’UPCOM (l’un des syndicats des Prothésistes ongulaire).

Edith, elle, est esthéticienne depuis longtemps également, est adhérente à la CNAIB (le syndicat historique des métiers de la beauté qui est à l’origine de la convention collective dont dépendent esthéticienne et PO), et cerise sur le gâteau, elle est mariée à… son ministre de tutelle (elle s’est bien placée la coquine ;-)). La semaine dernière, comme tous les mois, Edith se rend au salon de son amie Clara pour se faire belle jusqu’au bout des ongles.

– Dis-moi Clara, tu as entendu tout ce « pataquès » autour du CAP pour les prothésistes ongulaire, où en es-tu toi ?

– M’en parle pas, c’est du grand n’importe quoi, soit disant qu’on n’aurait plus le droit d’exercer si on n’a pas un diplôme d’état, mais il n’y a aucune nouvelle loi sur la réglementation des prothésistes ongulaire qui est sortie sur ce sujet

– Tu sais mon mari m’a expliqué que ce n’était pas une nouvelle loi mais une vieille loi qui date de 1996( 1*- Loi du 5 Juillet 1996 soins esthétiques), c’est simplement qu’à l’époque le métier de styliste ongulaire était beaucoup moins développé qu’aujourd’hui et personne ne s’était inquiété de savoir s’il était concerné par cette loi.

– Oui cette loi dit que la personne qui exerce une activité de soins esthétiques à la personne sans finalité médicale doit être qualifiée professionnellement, mais il n’est en aucun cas notifié que cela concerne la pose de faux ongles

– Je l’ai lu moi aussi, ce n’est pas notifié non plus que cela concerne le maquillage ou l’épilation ou les soins du visage, etc… c’est une notion généraliste qui englobe tout ce qui concerne l’esthétique, non ?

– Je suis d’accord avec toi, Edith, mais le secrétaire d’état Frédéric Lefebvre a indiqué en 2011 dans son courrier adressé à la CNEP concernant les prestations de stylisme ongulaire que « lorsqu’elles sont pratiquées à l’exclusion de toute autre prestation esthétique, ces activités ne relèvent pas du champ d’application de la loi du 5 juillet 1996 qui prévoit que l’activité de « soins esthétiques à la personne (…) » doit être exercée sous le « contrôle effectif et permanent » d’une personne qualifiée. Ces principes relatifs à la qualification professionnelle sont identiques, sans aucune dispense, pour les auto-entrepreneurs et pour les artisans ». C’est mon syndicat qui m’a donné cette information.

– Qu’est-ce que ça veut dire exactement ?

– Ca veut dire que si je ne fais que poser des faux ongles et les décorer je ne touche pas une partie de ton corps donc je ne relève pas du champ d’application de cette loi

– Mais pourtant tu as bien limé ma plaque et repoussé mes cuticules avant de commencer ton travail, ensuite tu vas me faire un soin à l’huile cuticule comme d’habitude, non ? Je sais que tu fais bien ton travail mais imagine si l’une de tes concurrentes lime trop la plaque de sa cliente, elle risque d’abîmer une partie de son corps. Moi par exemple, si je fais trop chauffer ma cire, je risque aussi d’abimer et de brûler la peau de ma cliente

– Ecoute, je ne veux pas rentrer dans le débat, tu penses ce que tu veux !

– Oui tu as raison et puis en plus ce courrier date du 1er septembre 2011 et Mr Lefebvre n’étant plus au gouvernement, la position du gouvernement actuel sur la réglementation des PO n’est plus la même depuis. Ceci étant, tu te rappelles ma petite voisine, celle qui voulait exercer le même métier que toi ?

– Oui bien sûr, où en est-elle de son projet ?

– Et bien figure-toi qu’elle s’est payée sa formation et quand elle a voulu s’inscrire à la chambre des métiers et de l’artisanat, ils ont refusé de l’immatriculer parce qu’elle n’avait pas le CAP Esthétique ou 3 ans d’expérience dans l’esthétique

– Mais ils, n’ont pas le droit, mon syndicat m’a dit qu’il avait gagné un procès contre la CMA auprès du tribunal administratif de Grenoble car cette dernière avait refusé l’immatriculation d’une Prothésiste ongulaire qui n’avait pas de CAP

– Oui c’est vrai, l’autre jour ma petite voisine est passé prendre l’apéro à la maison et en a profité pour demander l’avis de mon mari sur cette décision du tribunal. Il lui a bien expliqué que la décision portait sur la forme du refus et non sur le fond, en fait la personne de la CMA qui a signé le refus n’en avait pas le droit, c’est pourquoi le procès a été gagné pour vice de forme mais en aucun cas parce qu’elle avait le droit de s’immatriculer sans CAP. Mon mari l’a même mis en garde contre les communications de ce syndicat qui sont souvent tournées à leurs avantages et sont à l’origine de la confusion qui règne sur le secteur aujourd’hui.

– La pauvre, c’est dégoutant, elle se paye une formation toute seule et elle n’a même pas le droit d’exercer à cause de cette nouvelle réglementation, tu peux lui dire de m’appeler car mon syndicat pourra l’aider à obtenir son immatriculation

– Vraiment, mais si elle réussit à s’immatriculer et qu’elle a un contrôle de la DGCCRF elle sera quand même en tord ?

– Bah, tu sais les contrôles de la répression des fraudes c’est pas pour les petites structures.

– Et bien détrompe toi, parce que n’en déplaise à ton syndicat ils se sont aperçus que les conditions d’hygiène dans certains salons étaient déplorables, c’est pour cela qu’ils effectuent des contrôles de plus en plus nombreux dans le secteur de la prothésie ongulaire depuis début 2013, leur position est claire et n’a pas bougé depuis début 2013( 2* – DGCCRF Position qualification Prothésiste Ongulaire). Tu sais la France est un pays de contradictions, les CMA et la DGCCFR bien que dépendant tout deux de l’état, sont des organismes distincts et même si certaines CMA immatriculent encore des stylistes ongulaire à cause de certaines failles administratives, c’est la DGCCRF qui effectuent les contrôles et ordonnent les sanctions.

– Ras le bol de tout ça ! Moi je m’en fous de savoir épiler ou maquiller, il n’y a que le stylisme ongulaire qui m’intéressent !

– Mon cousin qui est cardiologue, il s’en fout de savoir soigner une grippe, mais il a du faire médecine avant de se spécialiser dans le cœur. Moi par exemple, je suis esthéticienne, j’ai un CAP et un Bac Pro, si je voulais me spécialiser dans les ongles je devrais faire un (3*)Certificat de Qualification Professionnel Stylisme ongulaire.

– Ça n’a rien à voir, esthéticienne et Prothésiste ongulaire ce n’est pas le même métier du tout et en plus on n’apprend pas mieux à faire les ongles en CAP, les filles qui sortent du CAP ont souvent des difficultés à faire une pose qui tienne et sont souvent incapables de réaliser de belles décorations à main levée.

– Excuse-moi, mais je l’ai passé et j’ai eu une épreuve de manucure à l’examen final (5* Programme CAP esthétique éducation National) même si je te rejoins sur le fait que vous êtes plus douées après une formation qu’après un CAP, le gouvernement lui, s’en fout que vous fassiez du joli travail, ce qu’il veut c’est surtout qu’il n’y ait aucun danger pour les ongles des clientes

– De toute façon ça va bouger, certaines de mes consœurs ont fait appel à des députés et des sénateurs pour faire remonter la question au gouvernement (à ton mari)

– Je sais d’ailleurs il a répondu à toutes les questions qui ont été bien évidemment publiées au Journal Officiel (6* Question à l’assemblée du 04/02/2014 ) – (7*- Question au sénat du 22/05/2014 ) – (8*- Question au sénat du 10/07/2014) – (9*- Question à l’assemblée du 29/07/2014)

– Voilà, c’est terminé

– Waou, c’est superbe comme d’habitude, en tout cas tu pourras toujours me compter parmi tes clientes parce que je sais que toi tu fais non seulement de l’excellent travail et qu’en plus mes ongles ne courent aucun risque avec toi.
signé / Julien Président Directeur Général

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